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Les ardeurs et les arbres de Ardis | |||||||||
Ardis, l’art et l’ardeur, voilà
le leitmotiv obsessif de Ada. Quand Fanny & Alexander baptisa son théâtre à
Ravenna il y a deux ans, parmi tous les noms possibles, ce fut un nom
emprunté à la littérature qui fut choisi. L’histoire de Ada est apparemment simple. Ada est le premier
amour de Van. Van est le premier amour de Ada. Ils sont amants mais ils
sont aussi frère et soeur. On les croit nés de frères
germains, et dans le roman tout est calculé et construit pour occulter
et dévoiler subrepticement et imperceptiblement la vraie nature
de leur amour. Ils vivent sur l’Antiterre, notre planète jumelle, où
l’idée de Terre est un mythe et où toute forme d’art
est un jeu. La lecture de Ada est un combat, un geste de pur érotisme, d’antagonisme ardent entre le lecteur et l’auteur. Le récit se déroule par indices sensoriels, par allusions stratifiées et très précises, par intuitions foudroyantes. Il incite à des abandons soudains et sensuels et à des sursauts continuels de l’intellect, à des jeux assassins (“pun assassine”), à des jeux mondains (“playing a game of worlds”). Nous avons imaginé ces variations intenses, ces jeux de mots, dans un sens cosmologique, en leur attribuant une géographie fantastique. Ardis I est la première “demeure” des sept où Fanny & Alexander s’arrêtera, pour Ada, une chronique familiale. Cette demeure est la maison édénique de la première rencontre d’amour entre Ada et Van, une demeure impossible et déjà perdue par le retour obsessif d’un mythe désormais incandescent, pour Nabokov, mais aussi pour Fanny & Alexander. Cette demeure a pour nous une étrange nature, celle d’une entrée, d’une chambre allusive, lieu énigmatique rebaptisé “cinéma de chambre”. |
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Cinema de chambre | |||||||||
Imaginez un jardin dans une salle de concert,
et une galerie d’art dans ce jardin… A présent imaginez une galerie d’art et placez-la dans un
théâtre, qui est à l’intérieur d’un
roman, qui parfois se transfigure en un jardin, celui d’où
vous êtes parti, tantôt se transforme en une sorte de Eden
démoniaque. Le problème de l’entrée dans le roman, dans l’amour qui y a été promis, est un problème de pertuis, de trous, de fissures, à travers lesquels passer. Imaginez donc une porte fermée, dans une chambre, sur laquelle une ouverture informe dévoile certaines figures penchées aux fenêtres, qui donnent sur le récit que vous, en premier lieu, vous allez accueillir. Les fenêtres sont la consolation de la littérature à travers les siècles. Et cette histoire d’amour et de fenêtres sera une consolation pour chacun. Nous avons placé devant votre fenêtre la vue sur l’intérieur
d’une chambre: un tableau qui représente exactement la portion
de paysage occupée par le tableau. Si le sujet du paysage était
un arbre, cet arbre cacherait donc l’autre arbre qui est derrière
lui., hors de la chambre. De même pour d’autres sujets : oiseaux,
baisers, trahisons. Ils se trouveront pour vous, spectateurs, tantôt
à l’intérieur de la chambre, dans le tableau, tantôt
à l’extérieur, dans le paysage réel. Ce monde, le monde du cinéma de chambre, donnera pleine justification à chacune de vos exigences: narrative, littéraire, picturale, musicale, botanique, etc. Mais nous soulignons qu’en réalité il ne s’agit que d’une des expériences sensorielles possibles, qui échappera à la fin à toute analyse objective. Cette expérience récompensera, en partie, votre confiance placée dans le roman-jardin de départ, en vous démontrant peut-être que votre plaisir de spectateurs, dépendra seulement d’une énigme, collée à vous, à un tableau et au roman. Enfin c’est vous qui déciderez si vous voulez percer le mystère. |
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